Вчера получил весточку от Анны, чей status quo сохраняется и превращается в нечто незыблемое. Но и это придет к развязке. Что до ее сестер, то мне пока приходится довольствоваться лишь косвенными сведениями о них.
На моем намеднишнем вечере, в гостиной, мне словно бы было видение, от которого я внезапно очнулся, возвращенный к реальности присутствием и голосами гостей. Я видел вас всех троих, занятых в тот момент раскладыванием трех пасьянсов, но кое к кому приглядывался с особым интересом…
Господь с вами.
Ф. Т.
Pétersbourg. Ce mercredi. 18 octobre
Ma fille chérie. Voici ce qui vient de se passer. Le Roi de Grèce, pour témoigner sa reconnaissance à la presse russe, avait voulu envoyer à ton mari l’ordre du St-Sauveur. Des personnes bienveillantes s’empressèrent d’assurer le Roi que ton mari, étant un démagogue forcené, serait capable de renvoyer au Roi son ordre. Ayant appris tous ces détails par le Ministre de Grèce Metaxa, j’ai cru devoir rectifier cette mésreprésentation et lui déclarer qu’en effet Aksakoff était homme à refuser tout autre ordre étranger, fût-ce même la Toison d’or de l’Empereur d’Autriche, mais que je pensais qu’il accepterait volontiers l’ordre du St-Sauveur (qui, après tout, ne représente en ce moment que le signe de la croix elle-même) tout comme il avait accepté l’ordre monténégrin. Voici ce que j’ai cru devoir dire, et j’espère que, le cas échéant, ton mari ne me démentira pas.
Dis à Aksakoff que son article sur la crise romaine a été très apprécié ici. C’est vu de très haut, et une pareille appréciation tient essentiellement au point de vue donné. Tout ce qui va se passer viendra à l’appui… Car il n’y a plus à se le dissimuler — la crise pressentie depuis si longtemps a commencé. L’Europe est à la veille non pas simplement d’une guerre, mais d’une guerre civile, non seulement de race, mais de religion. Le fond de cette guerre, ce sera la lutte entre un christianisme corrompu et un rationalisme plus au moins anti-chrétien. Mais la lutte armée, se traduisant par des coups de canon et de grands massacres… Nous en subirons le contrecoup par la Pologne. — Napoléon sous le poids de ses fautes n’aura été que l’instrument de la fatalité européenne, et cette fatalité c’est la contradiction, devenue organique, de la société contemporaine, déchirée en deux, en France surtout, — les masses dominées par l’influence cléricale, et la minorité libérale, irréligieuse… Or, Napoléon n’est que la personnification de cet antagonisme historique.
Voilà de sombres horizons assurément… Peut-être se voileront-ils encore une fois momentanément à nos yeux. Mais la situation donnée est bien certainement celle-là…
Et vous, ma fille, où en êtes-vous? Où en est l’autre question qui, pour le moment, est pour moi la toute première? Je suis sur un qui-vive de tous les instants, et jamais enfant n’aura fait son entrée en ce monde d’une manière moins inattendue.
Dieu te garde.
Петербург. Среда. 18 октября
Милая моя дочь. Вот самая свежая новость. Король Греции, в знак признательности русской печати, собрался послать твоему мужу орден Спасителя. Нашлись доброжелатели, поспешившие внушить королю, что муж твой, будучи ярым демагогом, способен отослать орден обратно. Когда греческий посол Метакса сообщил мне все эти подробности, я счел своим долгом опровергнуть эту неправду и заявить ему, что Аксаков действительно такой человек, который способен отказаться от всякого другого иностранного ордена, будь то даже австрийский императорский орден Золотого Руна, но что он с радостью, мне думается, примет орден Спасителя (представляющий собой, в конце-то концов, всего лишь простой крест) точно так же, как в свое время принял черногорский орден. Вот что я счел необходимым сказать, и, надеюсь, твой муж, если дойдет до дела, меня не подведет.
Передай Аксакову, что его статья о римском кризисе очень высоко здесь оценена. О ней с похвалой отозвались в верхах, и этим она обязана прежде всего своей позиции. Все, чему суждено случиться, подтвердит ее правоту… Ибо пора признать — кризис, так давно назревавший, начался. Европа сейчас не просто на грани войны, но на грани войны гражданской, имеющей не только национальную, но и религиозную подоплеку. Сутью этой войны будет борьба развращенного христианства с более или менее антихристианским рационализмом. Однако борьба вооруженная, с пушечными залпами и кровопролитиями… Ее отголоски докатятся до нас через Польшу. — Наполеон со всем грузом своих ошибок является лишь орудием рока, движущего Европой, и рок этот есть не что иное, как ставший уже органическим раскол современного общества, разорванного надвое, особенно во Франции, — на массы, находящиеся под влиянием церкви, и либеральное нерелигиозное меньшинство… Так вот, Наполеон — всего лишь олицетворение этого исторического антагонизма.
На горизонте явственно видны грозовые тучи… Возможно, они опять на какой-то миг закроются от нас туманом. Но настоящее положение, несомненно, таково…
А что там у вас, дочь моя? Не движется ли к разрешению другой вопрос, самый для меня сейчас животрепещущий? — Я каждую минуту настороже, никогда еще ребенок не входил в сей мир менее неожиданно.
Храни тебя Господь.
С.-Петерб<ург>. Воскресенье. 22 октября
En ce moment il n’y a pas d’autres nouvelles à mander de Pétersbourg que des nouvelles de politique générale, tout l’intérêt du public est absorbé par les événements, et, en effet, jamais drame ni roman n’ont reproduit un imbroglio plus palpitant d’intérêt que ce qui se passe en ce moment en Italie. C’est, je crois, la dernière partie de Napoléon III, et il est à peu près sûr qu’il la perdra. Mais je vous renvoie aux journaux.
Hier j’ai assisté, sur l’invitation de la cousine Mouravieff qui m’est parvenue par la gazette, aux prières de mort, dites à l’intention de son fils aîné, Nicolas, qui vient de mourir à Berlin. Elle m’a paru suffisamment résignée à son malheur. — Il est certain qu’après la perte de son mari celle-là n’a pas pu l’affecter profondément. Voilà la différence entre les blessures au physique et au moral — les premières s’additionnent, tandis que les autres s’excluent la plupart du temps.
Le jour même, fixé par les époux Abamelek pour leur départ, ils ont changé de résolution et renoncé à leur voyage. C’est la P<rinc>esse qui n’a pas pu s’y décider. Un autre départ, momentanément ajourné, est celui du Roi et de la Reine de Grèce — et cela pour leur ménager la chance d’une entrevue à Varsovie avec l’Impératrice qui y sera dans la journée du 27, etc. etc. Mais toutes ces nouvelles, je le reconnais, perdent beaucoup de leur intérêt à dix jours de distance… Je n’ai pas encore revu, depuis son retour, le Ministre de l’Intérieur, bien que j’aie été lui faire une visite. L’autre jour le P<rinc>e Souvoroff, le rencontrant sur le chemin de fer, l’a interpellé, pour lui demander de sa voix éclatante, qui de lui, Valoujeff, ou du Ministre français Rouher était le plus grand phraseur?.. Demain j’aurai des nouvelles de l’excellente Antoinette Bloudoff par sa sœur la Schewitch qui tout à coup a cru devoir me révéler sa présence, en m’invitant à une petite soirée chez elle. — Le triste roman du pauvre Chancelier avec sa petite nièce touche à un moment de crise par l’arrivée très prochaine du Duc de Leuchtenberg. — Voilà trois individus, enchevêtrés, sans la moindre conviction, dans une sottise qui pèse également à tous les trois.